i can't forget you (felix)

★ scars and souvenirs.
Il est samedi, aux alentours de dix-neuf heures. Félix passe la porte d'entrée de la modeste maison familiale où il a toujours grandi. Il balance son sac floqué et en treillis dans un coin de la pièce chaleureuse. Il appelle sa mère. Aucune réponse. C'est étrange, la porte était pourtant ouverte, ce qui est totalement inhabituel. Félix hausse des épaules, pas plus inquiet que cela. Il pose son téléphone vide de batterie sur le meuble, décidant de le recharger plus tard et comme chaque fois, se dirige instinctivement vers le domicile voisin. Il frappe à la porte des Wardlow et Gia vient aussitôt lui ouvrir. Elle a l'air bouleversée et fonce droit dans ses bras. « Gia, tu m'étouffes », se lamente le brun. « Je suis tellement navrée, Félix », sanglote la brune. Félix la tient dans ses bras, sans trop comprendre ce qu'il se passe. Il la regarde, les sourcils arqués. Qu'est-ce qu'il se passe ? « Félix... ». Il hausse des épaules. Il ne comprend vraiment rien. Gia plaque sa main sur sa bouche, choquée. « Ton père ». Félix s'effondre. Il lui suffit d'un regard pour qu'il comprenne. Il se retient au meuble, bascule au sol, ses jambes sont coupées sous le choc. Il reste statique, interdit, prostré. Il fixe le mur en se balançant d'avant en arrière puis brutalement, éclate en sanglots.

« Tu devrais aller voir Mae à l'hôpital » suggère Len Scavo à son fils. Celui-ci hausse des épaules. Il ne peut pas. Il ne veut pas risquer d'aller voir Mae à l'hôpital et qu'elle ne le reconnaisse pas. Il ne parvient pas à s'y résoudre. « Gia a besoin de toi », argumente sa mère. Félix secoue la tête. C'est ainsi, à chaque fois qu'il l'a au téléphone, elle insiste, encore et encore, ne parle que des pauvres Wardlow qui vivent un drame avec l'amnésie de leur benjamine. A l'autre bout du combiné, la mère continue d'insister en trouvant des excuses, une potentielle petite-amie à la caserne qui l'empêche de venir, jalouse de Gia. Félix soupire et lève les yeux au ciel. Si seulement sa mère savait ! Si seulement elle savait qu'il n'a d'yeux que pour Mae depuis quinze ans et que depuis plus de quatre ans, depuis qu'ils se sont embrassés, Félix n'a plus approché la moindre femme. Il ne sait même plus comment on fait l'amour, depuis le temps ! « Maman, tu m'agaces ! Je ne vais pas revenir à Whitby, tu comprends ça ? Je ne veux pas. Je ne reviendrais pas. Je peux plus supporter cette ville, tu comprends ? Tout me ramène à Papa, tout ! Je ne peux pas ». Il raccroche prestement, très énervé. Quelques mois plus tard, il s'en mordra les doigts.

Le médecin le regarde, l'air grave. « Votre mère souffre du locking syndrome, Monsieur Scavo » - « Ce qui signifie ? ». Félix n'est pas d'humeur à ce qu'on prenne des pincettes pour lui expliquer les choses. Il vient de faire huit heures de routes en apprenant que sa mère a été victime d'un accident de la circulation. « Votre mère est éveillée et consciente. Elle entend ce qu'on lui dit, le comprend mais elle ne peut ni bouger ni parler. Elle peut seulement cligner des paupières mais ses yeux ayant été touché pendant l'accident, il n'y a rien qui est possible dans son cas ». Félix devient livide. Il sent le malaise à plein nez. Il hume la menthe poivrée que lui tend le médecin. « C'est très lourd comme traumatisme ». {quelques semaines plus tard}. Un infirmier vient d'aller mettre des lunettes de soleil sur le nez de sa mère. Félix rentre dans la pièce. Comme chaque fois, un frisson d'horreur le parcourt. Il se penche pour embrasser la tempe de sa mère, passant une main dans ses cheveux grisonnants. « Maman, il y a des choses que je ne t'ai jamais dîtes. Tu insistais tellement pour que j'aille voir Mae mais … je ne voulais pas. Je ne voulais pas parce que … je l'aime depuis que je suis entré au collège, Maman. Je suis amoureux de Mae Wardlow ».