(M/LIBRE) AU CHOIX

18 novembre 1988
Du haut de ses presque 3 années, Soren n’avait pas vraiment compris tout ce qu’il s’était passé. Mais une chose était sur : Il allait avoir un petit frère. Il se souvenait encore quand maman lui avait annoncé qu’un nouveau petit bonhomme allait arriver dans la famille. Il avait boudé. Parce qu’il ne voulait pas partager ses jouets. Et puis au fil des jours, des mois, alors qu’il voyait le ventre de sa maman devenir de plus en plus gros, il ne cessait de demander où était le petit frère. Quand elle lui avait dit qu’il était là, dans son ventre et qu’elle lui avait dit qu’il pouvait poser sa main pour sentir le coup de son petit frère, il avait dit beurk. Et puis finalement, le jour fatidique était arrivé. A l’hôpital, il avait vu papa tenir le tout petit bébé dans ses bras pendant que maman se reposait au lit. Elle avait l’air très fatiguée. Elle lui fit signe d’approcher et lui parla d’une toute petite voix « Tu me promets d’être gentil avec ton petit frère ? » Il ouvrit grand ses yeux et hocha la tête. D’accord, au fil des années, la promesse n’avait pas toujours été tenue. « Et tu me promets de toujours prendre soin de lui ? ». Une nouvelle fois il hocha la tête. Et cette promesse là, il l’avait toujours tenue.

14 janvier 2011
Le silence dans la voiture était plus que pesant. Son jour de repos, Soren l’avait quand même passé au poste. A payer la caution de son frère. Ce n’était pas la première fois qu’il se démerdait pour le sortir de là. Son frère, le gamin toujours collé à lui quand ils étaient plus jeunes, son meilleur pote, était devenu totalement ingérable. Soren avait l’impression qu’il prenait plaisir à se détruire. Arrivé à destination, aucun des deux n’avaient décroché un mot. Ils sortirent de la voiture en silence et le plus jeune des frères Hodges se dirigea vers la maison d’un pas pressé. « Je serai pas toujours là pour te sortir de tes emmerdes ». Il s’arrêta et se retourna vers son frère. « Je ne t’ai jamais demandé ton aide Soren ». Soren s’avança vers lui en ricanant. « T’avais pas l’air de super bien te débrouiller seul là-bas ». Tandis que Soren s’avançait, son frère reculait. « J’ai pas besoin de toi ». Même si il ne laissant rien transparaître, les paroles de son cadet étaient plutôt blessantes. Arrivé devant le porche de la maison, un mètre les séparait à peine. « Il faut que t’arrêtes les conneries ». Il vit son frère serré les poings. « Lâche-moi Soren ». Bien sûr, la conversation s’était envenimée. Bien sûr, les frères Hodges avaient laissé le tout se terminer avec leurs poings. Ils étaient toujours pareils de ce côté-là. Ils préféraient régler les choses avec violence, ce qui au final ne faisait qu’empirer la situation. Ce jour-là, l’altercation avait finie à l’hôpital et les deux frères ne s’étaient plus jamais adressé la parole depuis.

06 juillet 2015
Munit de son arme, Soren entra dans la maison à pas feutrés. Tout de suite, il entendit des gémissements et il ne mit pas longtemps pour trouver un homme allongé sur le sol. Recourbé sur lui-même, Soren pouvait voir une plaie sur le haut de son crâne et son visage tuméfié. Il baissa son arme et se rapprocha de l’homme. Il était dans un sale état. L’inspecteur attrapa une radio accrochée à sa ceinture et demanda à faire venir une ambulance au plus vite. C’est alors qu’il entendit un bruissement derrière lui et fit volte-face vers un homme qui tentait de prendre la fuite. Il leva son arme vers le suspect, dos à lui. « Police ! » Il n’en était pas à sa première arrestation, mais c’était à chaque fois la même excitation. Il sentait encore la poussée d’adrénaline. Qui ne mit pas longtemps à tomber quand l’intrus se retourna face à lui. Son sang se glaça. Il croyait à une mauvaise blague. Il gardait son arme pointée devant lui. Avec beaucoup moins de confiance qu’avant. Non, il ne rêvait pas. Devant lui se tenait son frère. Frère qui lentement descendait une main vers sa poche, qui semblait contenir une arme. Soren était totalement incrédule. Il secoua la tête et tint son arme avec plus d’assurance, toujours pointée sur son frère. Ils n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre. Tous deux entendirent des bruits de pas qui s’approchaient d’eux. Soren n’avait pas beaucoup de temps, il n’arrivait plus à réfléchir. Pourtant, il le fallait, et vite. Son sang ne fit alors qu’un tour et il baissa son arme. Les dents serrées, il murmura. « Casse toi. Tout de suite ». Il ne fallut pas une seconde de plus pour que ce dernier prenne ses jambe à son cou et s’enfuit par la fenêtre. Une poignée de secondes plus tard, sa coéquipière et des ambulanciers le rejoignirent.  «Putain Hodges, tu peux jamais écouter les ordres. Bon, t’as une description du suspect ?». Il sentait le sang battre dans ses tempes. Il avait la gorge sèche. Lui, qui d’habitude jouait toujours le mec sûr de lui, bourré de confiance, presque hautain face à ses collègues ressemblait davantage à un gamin complètement paumé. « Je … je n’ai pas vu son visage ».