(M/LIBRE) AU CHOIX

Mae, vingt-et-un ans, dernier souvenir en mémoire.

La musique tambourinait dans sa tête et dans son cœur qui battait au rythme de la mélodie. Mae avait un large sourire aux lèvres. Vingt-et-un ans. Elle avait vingt-et-un ans et la vie devant elle. Ses parents avaient eu l'amabilité de lui laisser la maison pour le weekend afin de fêter cela dignement, même s'ils avaient été très clairs quant à leur réputation, aux nuisances sonores et à toutes ses choses que rabâchent les adultes à leurs enfants en règle générale. Tous les jeunes du coin étaient présents – Rares étaient ceux qui n'appréciaient pas la plus jeune des Wardlow. Il était difficile de ne pas l'aimer. Mae était adorable, douce et gentille. Seule la jalousie pouvait vous pousser à avoir de la rancoeur envers elle. Et peut-être aussi son esprit de compétition.
La fête battait son plein et tout le monde semblait s'amuser au plus grand bonheur de Mae qui sentait l'alcool parcourir ses veines à vive allure. Elle dansait, riait, se mêlait aux autres. Elle était en vie. Vraiment en vie. Néanmoins, l'air se voulait lourd et peu respirable. La maison n'était peut-être pas assez grande pour recevoir tous ces gens, finalement. Elle avait bien trop chaud et le dernier verre qu'elle avait bu n'aidait en rien. Alors, elle s’éclipsa dans le jardin qui bordait l'arrière de la demeure familiale pour prendre l'air et retrouver ses esprits. Il y avait trois petites marches en bois qui menait à la pelouse, elle décida donc de s'y installer pour profiter du vent frais qui mordait ses joues rosées par l'alcool. Elle resta quelques minutes. Mais cela se fit sentir comme des heures. C'était agréable de se sentir seule au monde, parfois. Comme libérée.
C'est donc là que tu te caches ? Lui dit une voix familière. Celle d'un homme – Un homme qu'elle connaissait bien. Isaac. Son voisin depuis toujours, ainsi que le meilleur ami de Gia. Et pourtant, malgré la différence d'age, il n'était pas rare de le voir auprès de Mae, sans doute parce qu'il était tombé amoureux d'elle d'aussi loin qu'il pouvait s'en souvenir. Il ne lui avait jamais dit. Il ne l'avait jamais dit à personne, d'ailleurs. Mais il y avait des signes qui ne trompaient pas – Par exemple, ses yeux qui ne pouvaient s'empêcher de se poser sur elle, comme si son regard avait été fait pour la contempler. Et pourtant, il ne s'était jamais déclaré. De peur qu'elle ne se brusque, cette amazone des temps modernes. Mae n'était pas une femme comme les autres, et il l'aimait pour cette raison.
Moi qui me pensais bien cachée, répondit-elle en un léger rire tandis qu'il prenait place à ses côtés. N'ayant pas un très bon sommeil, ils se retrouvaient souvent dans ce petit jardin pour admirer le ciel et les étoiles. Isaac connaissait la passion de Mae pour l'astronomie et il comprenait cette fascination. Mais même si l'objet de son admiration se trouvait tout près de lui, elle n'en était pas accessible pour autant. En réalité, il avait souvent cette vilaine impression qu'elle lui filait entre les doigts. Et c'était peut-être vrai.
Ils parlèrent, un peu. Même s'ils avaient tous deux trop bu. Bien qu'ils n'étaient plus trop certains de leurs mots. Et puis, un silence.
Elle posa sa tête sur son épaule et elle ferma les yeux. Le cœur d'Isaac n'en pouvait plus de battre. Mais il avait cette envie brulante, ce désir intense... Il attrapa délicatement son menton entre ses doigts pour atteindre ses lèvres des siennes. Et ils se perdirent en un baiser merveilleux.
Et puis, plus rien. Ils n'en reparlèrent jamais. Même si Isaac n'avait pas été le seul à ressentir quelque chose ce soir-là.