when tomorrow comes (nigel)

Tes mains étaient moites alors que ton regard était perdu sur l’immeuble qui se trouvait en face de celui de ce foyer. Aujourd’hui était le grand jour. En réalité, quand tu avais envoyé ces lettres à tes parents biologiques, tu n’avais pas réellement attendu une réponse. Ils t’avaient abandonné après tout, pourquoi voudraient-ils entendre parler de toi quatorze ans plus tard ? Non, ils n’en avaient certainement rien à faire. Et pourtant il y avait eu ce petit espoir et une réponse était venue. De ton père. Il voulait te rencontrer. Toi, tu allais rencontrer ton père. Tu ne savais pas pourquoi il voulait te voir, tu ne voyais pas pourquoi il pourrait venir te voir et pourtant, tu n’avais pas le choix désormais. On finit par venir te chercher dans ta chambre et on t’amena vers le salon. Un salon où se faisaient les rencontres et tout cela, tu n’y allais jamais, personne ne venait te voir de toute manière. C’est en prenant une grande inspiration que tu ouvris la porte. Et là, tes yeux se posèrent sur un homme. Un homme qui devait avoir la trentaine, un homme qui était ton père. Tu connaissais son nom, Scotty Lowry, tu l’avais lu et relu à la fin de sa lettre de réponse. Et maintenant, tu étais incapable d’ouvrir la bouche. La seule chose qui te rassura c’était de voir qu’il n’était pas beaucoup plus avancé que toi et il ne semblait pas plus assuré. Finalement, on vous proposa de vous asseoir avant de vous laisser seuls. Tu ne savais pas quoi dire, mais tu n’eus pas à le faire, l’homme en face de toi commença la conversation. « Waouh ! J’arrive à peine à le croire, la dernière image que j’ai de toi c’est cette minuscule petite chose … Tu t’appelles toujours Nigel ? » Ton sang se glaça. Bien sûr qu’il se souvenait de toi bébé, il ne pouvait avoir aucun autre souvenir. Et puis ce prénom, tu ne le portais plus depuis longtemps. « Euh oui, c’est ça, toujours Nigel. » Tu venais de le reprendre quelques semaines plus tôt, quand ton père t’avait répondu. Tu ne l’avais jamais oublié, on l’avait oublié à ta place. « Enchanté, moi c’est Scotty Lowry. » Dit-il avec un mouvement de tête. Oui, vous étiez des étrangers après tout et c’était ça qui faisait le plus de mal. « Vous avez une famille ? » Demandas-tu brusquement. Tu savais comment cela se passait. Tu savais que si la réponse à sa question était oui, le maigre espoir que tu avais de sortir d’ici disparaitrait. « Non, je … Il n’y a que moi. » Dit-il alors que tu soufflais dans ta tête. Peut-être qu’il voudrait de toi finalement ? Tu n’allais pas le proposer, tu ne voulais rien précipiter en tout cas. « Vous avez le droit vous savez, cela fait quatorze ans que je suis né, le temps a passé. » Tu avais toujours été très philosophe à ce sujet mais bon, tu étais quand même heureux de savoir qu’il était seul ce qui était pathétique, tu le savais. « Je sais … Je n’ai pas eu l’occasion, enfin c’est compliqué. » Ouais, le gars n’allait pas te confier sa vie non plus quoi. Tu te contentais d’hocher la tête avant de lui dire : « Vous êtes venu pour quoi exactement ? » Lui demandas-tu curieux de savoir ce qui l’avait poussé à venir. Ton père te regarda en disant : « Je ne sais pas … Je … Tu as été heureux ? » Quelle question ? Franchement tu n’avais pas été heureux ici. « Non, je suis ici n’est-ce pas ? » Te contentas-tu de dire parce que c’était la vérité après tout. « Je suis désolé, ce n’était pas ce qu’on voulait, on …. Peut-être que je pourrais changer ça ? » Tu levais un sourcil, il changerait d’avis, c’était toujours comme ça. « Ne faites pas des promesses que vous ne pourrez pas tenir. » Dis-tu alors qu’un silence s’installait. Tu ignorais qu’un an plus tard tu allais aménager dans une ville appelée Whitby. Et pourtant, un nouveau chapitre de ta vie commençait.