JAMES. — « That's not a life. » 

Sa peau froide ne ma rassurait pas, ses doigts entrelaçaient les miens, à contre-coeur. Nous étions là, Eliz et moi, au beau milieu de Whitby, main dans la main, à marcher lentement afin de rejoindre un petit restaurant qui affichait généralement complet. De l'extérieur, nous n'étions qu'un couple banal qui vagabondait dans les rues, à la recherche d'une quelconque entente. La réalité était bien plus brutale. Nous nous aimions pas. Nous n'étions pas fait l'un pour l'autre, mais le destin en avait décidé autrement. Le choix de nos familles avait été inébranlable. Elle ne se souciait pas de cela, elle n'était pas dérangée par le fait d'être marié à un homme qu'elle n'aimait pas. Je ne l'avais jamais comprise, et elle ne me comprenait pas. Nous continuions de faire semblant, inlassablement, afin que l'harmonie de nos vies ne soit pas brisée. Ce jour-là, nous nous rendions à un diner, mes parents étaient de retour afin de veiller à notre "bonheur". Pour eux, tout semblait parfait, leur fils était marié et continuait ainsi la lignée Windsor. Il ne leur manquait plus que des petits-enfants. A chaque fois qu'ils parlaient de ce sujet, je ne pouvais que grimacer, légèrement, avant d'arborer un faux sourire, celui que je tenais depuis de nombreuses années maintenant. Des rires attirèrent mon attention dans la rue. Assis sur un banc, un couple s'extasiait, délivrant leur bonheur au reste des habitants. Un doux sourire se dessina sur mon visage lorsque je compris qu'ils étaient heureux, et que rien ne pouvait les détruire. Eliz fit pression sur ma main, me tirant vers elle, comme pour me rappeler à l'ordre. « Tu ferais mieux de ne pas trop les suivre du regard, tu sais pertinemment que le bonheur, ce n'est pas pour toi James. » me lança-t-elle d'un ton agacé et piquant. Elle ne voulait pas que je sois heureux, personne ne le voulait, et j'étais seul à me battre face à cette fatalité. Nous entrâmes alors par l'arrière de l'établissement, afin de rejoindre une table privilégiée, ou nous attendaient mes parents. Ils avaient le sourire jusqu'aux oreilles alors que je venais d'essuyer un échec. Je croyais en Whitby, j'étais certains que cette ville m'apporterait sérénité, et le début du bonheur. Après avoir déposé un baiser sur la joue de ma femme, nous nous prîmes place sur les chaises devant la table, et sans attendre une seconde de plus, ma mère, de sa voix plutôt douce, prit les devants. « Mes petits, vous ne savez pas combien nous sommes heureux de vous revoir. Enfin. » s'exclama-t-elle alors avant d'avaler sa salive, comme si les paroles qu'elle allait prononcer la brûlaient. « Londres s'impatiente de voir votre enfant arriver. » conclua-t-elle d'un ton presque sec, une sorte d'avertissement que nous ne pouvions prendre à la légère. Un coup de massue s'abattait sur moi. La foudre ne m'avait pas épargné.