bad day. (hannah+nigel)

Aujourd’hui c’est une grosse journée qui t’attend. Aujourd’hui tu vas passer la journée en cuisine plutôt que derrière le bar parce qu’une grosse commande est arrivée en urgence et que toute personne capable de faire une once de pâtisserie doit mettre la main à la pâte. Belle expression pour le coup. Tu arrives donc en avance, Hannah est déjà là et elle ne tarde pas à te donner une tâcher. Elle est stressée, tu le vois bien parce qu’elle te salue rapidement avant de passer à autre chose. Tu ne lui en veux pas, tu sais qu’elle a besoin de faire ses preuves. Elle a changé de carrière, un changement pas toujours simple à assumer mais elle le fait avec brio. Tu l’admires beaucoup Hannah, surtout dans des moments de rush comme celui-ci. Et puis la matinée avance et tu la vois s’éclipser pour pendre un coup de fil. Tu n’y prêtes pas attention, c’est peut-être une urgence. Tu te reconcentres sur les cupcakes que tu es en train de décorer. Tu n’es pas un professionnel dans la décoration de gâteaux mais tu as un petit côté artistique tout de même donc tu n’es pas complètement mauvais. Tu n’as jamais été à un mariage mais tu as du mal à te dire que les invités regardent avec attention chaque cupcake avant de les manger. Et puis Hannah revient. Elle revient et quelque chose a changé. Tu ne sais pas quoi, tu ne sais pas comment mais tu peux le sentir. Tu vois le visage d’Hannah crispé, fermé. Ses gestes manquent de précision et tu ne manques pas de voir qu’elle manque de se couper à plusieurs reprises. Tu ne comprends pas ce qui a pu la mettre dans cet état, franchement tu ne comprends pas. Tu vas ouvrir la bouche quand elle ne te laisse pas la chance de le faire : « Dépêches-toi nigel. » Tu la regardes, éberlué. Ce n’était pas le genre d’Hannah de te faire ces réflexions surtout que tu faisais déjà au plus vite. Non, quelque chose n’allait pas et tu étais bien décidé à savoir quoi. « Tout va bien Hannah ? » Commenças-tu par lui demander avec une voix peu sûre de toi. Tu marchais sur des œufs, tu avais peur que la bombe explose à tout moment. Mais vous étiez seuls dans la cuisine, il y avait encore à faire mais le patron avait besoin de mains en service pour le rush de midi.

son regard, tu ressens son regard posé sur ta silhouette hésitante. il analyse tes erreurs. remarque ta tristesse. découvre tes blessures. tu es gênée, gênée d'être ainsi mise à nue alors que tu ne le désirais pas. tu n'as pas l'habitude de te montrer faible, nulle. bien au contraire. toi, tu es la combattante. celle qui motive ses troupes, qui sait offrir le sourire aux inconnus qu'elle croise sur son chemin. tu n'es pas ce nuage noir, envoyant des éclairs à chaque pas qu'elle effectue. tu soupires, de nouveau. "tout va bien hannah ?" tu laisses brusquement tomber tes mains contre la table de préparation, puis tu te tournes, ancrant ton regard dans celui de nigel. "qui te permet de me poser ce genre de questions ?" une violente pique. sans véritable raison, si ce n'est celle de te protéger. l'égoïste. ce n'est pas toi, tu es généreuse, altruiste. pas mauvaise, pour t'éloigner de sa curiosité. et pourtant, c'est la noirceur qui se dégage de ton âme aujourd'hui. pas d'éclairs vifs, pas de joyeuses lumières. non, rien que l'obscurité tombante. "maintenant travailles, et arrêtes de me regarder." c'est reparti. tu recommences, tu travailles, tu t'actives, tu l'ignores. tu es dure avec nigel, mais tu lui fais confiance. il est doué. malgré ses quelques mois d'expériences. talentueux, pointilleux. il va réussir à s'épanouir dans le milieu de la pâtisserie. comme toi, venue de nulle part. c'est pourquoi tu sais que tu peux lui tourner le dos pour continuer tes préparations. il ne va pas t'attirer vers l'échec. et toi, tu peux en profiter pour laisser quelques larmes dévaler la douceur de ta peau, asséchée par le manque de confiance en soi, d'amour.

Tu ne comprends pas ce qu’il se passe. Tu vois bien qu’Hannah ne va pas bien, tu vois bien que quelque chose cloche mais tu ne sais pas quoi. Etait-ce le coup de téléphone ou autre chose ? Tu ne savais pas et tu doutais qu’Hannah allait te le dire. Tu le voyais sur son visage qu’elle s’était fermée tout d’un coup. Une approche brutale n’était pas la meilleure des solutions c’était clair et net. Mais quelle approche prendre ? Tu essayais donc de la faire se confier sans vraiment la pousser dans ses retranchements mais la réponse que tu réussis à avoir te surprit plus qu’autre chose. « Qui te permet de me poser ce genre de questions ? » Tu lèves un sourcil. Ce genre de question ? Tu la lui posais tous les jours en réalité, c’était la question la plus banale que l’on pouvait poser à quelqu’un. Tu ne comprenais pas pourquoi Hannah réagissait ainsi. En général vous vous confiez l’un à l’autre. Toutes ces heures passées à faire de la pâtisserie, forcément vous aviez appris à vous connaître et tu ne comprenais pas ce qui se passait, cela ne ressemblait pas à Hannah. Avant que tu n’aies pu dire autre chose, elle ajouta : « Maintenant travailles, et arrêtes de me regarder. » Arrêter de la regarder ? Depuis quand c’était un crime de la regarder ? Non, tu ne comprends pas mais dans un premier temps, tu décides de te remettre au travail. Tu as besoin de réfléchir un peu avant d’agir. Et puis il y a cette commande à terminer, peut-être qu’une fois prête Hannah pourrait se détendre ? Tu n’en savais rien mais tu finissais tes cupcakes le plus vite possible sans les louper bien entendu. Tu entamais la décoration d’une autre fournée quand tu jetais un regard à Hannah et avec le reflet de la lumière extérieure tu vis une petite larme couler sur sa joue. Tu baissais les yeux, tu préférais ne rien dire pour l’instant. Attendre, des fois c’était la meilleure solution. Alors que tu finissais cette dernière fournée, tu dis à Hannah : « Tu peux m’en parler tu sais. Tu n’es pas obligée de tout gérer toute seule. » Tu avais été à sa place, tu avais été seul très longtemps mais ce n’était plus le cas maintenant et tu savais que se confier pouvait faire du bien. « En tout cas la commande sera livrée pile à l‘heure. » C’était un stress en moins.