gold (treena)

★ scars and souvenirs.

premier juin mille neuf cent quatre-vingt-onze : "It's a girl !" s'exclame la sage-femme alors qu'elle tient dans ses bras une petite chose rose et gigotante qui crie à pleins poumons. La nouvelle maman s'écroule contre les oreillers et relâche sa prise meurtrière sur la main de son mari. Ce dernier ne pense même pas à l'étirer, trop émerveillé par le bébé qu'il a aidé à mettre au monde. She's him, pense-t-elle avant de s'exclamer. "She ? She's a she ? But I thought we were having a boy. We can't call her Patrick." L'homme passe une main dans ses cheveux, soudain bouleversé et c'est instinctivement qu'il attrape sa fille quand l'infirmière dépose gentiment le bébé désormais calme dans ses bras. Des années de pratique avec ses neveux. "It's okay honey. We can choose another name later. Lemme see her please." Doucement, il s'assoit sur le lit et aide son épouse à prendre l'enfant, ses mains trempées de sueur, encore secouées par des tremblements après l'accouchement. Il reste il ne sait combien de temps à fixer leur petite fille - leur petit ange - avec émerveillement. Elle est si jolie, pense-t-il. Et elle est tout à lui, peine-t-il à comprendre. "Katrina. Like my grandmother. She was the most generous woman I ever know. She looks like a Katrina." "You're right," dit-il. "Our lovely Katrina." trente novembre deux mille un : Cara Montgomery serre une tasse de thé entre ses doigts gelés, les yeux gonflés et rouges, un album photo abandonné sur le canapé à côté d'elle. Elle fixe son portrait et arrive à peine à se reconnaître. Elle a l'air si heureuse sur cette photo, à serrer Treena dans ses bras après des heures à pousser pour la mettre au monde. John est derrière l'appareil, hors du tableau tout comme il l'est aujourd'hui. Mort. Le mot a l'air inconcevable. "Mum ?" Une petite brunette de dix regarde sa mère, les sourcils froncés, un pied entre le salon et le couloir, incertaine de ce qu'elle doit faire. Elle n'aime pas voir sa mère triste et l'envie de la réconforter est grande. Mais terrifiante, Treena est habituée aux câlins, aux mots tendres et aux baisers d'amour quand elle se blesse. C'est comme ça que ça marche se dit-elle. Cara ouvre les bras pour faire signe à sa fille de la rejoindre et cette fois Treena n'hésite plus. Elle court se blottir contre le corps chaud et réconfortant de la personne qu'elle aime le plus au monde. "Aren't you tired baby girl ?" Demande-t-elle ; sa propre voix éreintée après l'enterrement. "A little bit. But I had this question." "Tell me." "Does it hurt to die ? Did Daddy suffer ?" Cara met quelques minutes à répondre, réprimant difficilement ses sanglots. "No. I don't think it hurt him. It was quick." Treena ne peut s'empêcher de sourire. "I'm happy then. I don't want Daddy to be in pain. I don't think he would like us so sad. I think he wants us happy. You said Daddy's looking after us so let's be happy. Otherwise, he's going to be sad if we are." Déclare la petite fille avec une telle sincérité que sa mère sent soudain une vague de soulagement la parcourir. Sa fille est forte et peu importe ce que la vie lui réserve, Cara sait que Treena se relèvera toujours. "You're right baby girl. You're right." neuf juin deux mille neuf : "Mum !" proteste Treena quand le flash retentit une énième fois, des étoiles blanches l'empêchant de voir correctement depuis plusieurs minutes. "Stop it ! You have enough photos to last a life time." "Maybe I want them to last a life time. You look so pretty in that dress. And you Henry, your a lovely young man." S'exclame Cara avec adoration. Treena lève les yeux au ciel s'en pouvoir s'empêcher de sourire. "Ok, now we go. Otherwise, we're gonna miss all the prom. I love you Mum." "You too honey. Don't do anything stupid." Crie-t-elle après eux mais Treena ne l'écoute déjà plus, trop excitée par l'idée de la soirée spéciale qui l'attend. Elle a même réservé une chambre d'hôtel pour Henry et elle. Cette soirée va être parfaite, elle en est sûre et certaine. Quelques heures plus tard, néanmoins, la jeune fille ne peut s'empêcher de pleurer, son mascara dégouline sur ses joues trempées alors qu'Henry la regarde, l'air mi-désolé, mi-désemparé, assis sur une des chaises que l'hôtel fournit. "Please Treena. I beg you. Stop crying. I'm so sorry." "Well, I'm sorry you are but what did you think ? That you breaking up with me wouldn't upset me ? Guess what ? I have a heart !" Enrage-t-elle avant de se remettre à sangloter. "It's for the best." Plaide-t-il, désespéré alors que ses yeux commencent à picoter. "I love you !" Crie-t-elle. "And I love you too. It's why I think breaking up it's the best thing. At least for you. You're going to Oxford this fall Treena while I'm staying here. You're going to be brillant outthere. I don't want to hold you back. You're something Treena Montgomery. You're smart and so pretty. But you love too much and it scares me sometimes. Don't become little for a man. Be grand for yourself, will you ?"
cinq septembre deux mille dix : La porte de la chambre claque mais ne tarde pas à être rouverte alors que sa colocataire et meilleure amie la suit. Treena lui lance un regard noir avant de s'écrouler sur son lit et de crier de frustration dans son oreiller. "Leave me alone !" Mais sa meilleure amie secoue la tête avant d'aller s'asseoir près d'elle et de lui arracher le coussin de force. "No I won't. Listen me Treena. You're acting like an idiot. I don't care how much straight A's you've got. That guy is toxic and pining for him is the most stupidest thing you've ever done." "Who's the silly one here ? Stupidest isn't even a word." "It is now. The guy is playing with you Treena. He has no intend to date you. He just wants good grades and he's using you to do so. You almost pass out because you were so obsessed with his damn homework you forget to eat." Treena pince les lèvres, blanche de colère mais tout au fond d'elle, elle sait que sa meilleure amie a raison. Elle sait aussi que cette dernière n'a certainement ressenti aussi intense que celui qu'elle ressent pour Luke. "You can't possibly understand. I love him !" "And he doesn't ! God, open your eyes Treena. Remember when you were so upset with breaking up with Henry and I told you he was a coward ? That he dumped you for no reason ? I was wrong. You love too much Treena and one day, you're going to fall too hard. I'm warning you." Et elle part en claquant la porte à son tour, laissant Treena se morfondre dans son coin. trente-et-un juillet deux mille onze : Les cheveux au vent, Treena finit de secouer la sable par la fenêtre qui colle à sa peau encore un peu moite. Sa mère au volant à un sourire relaxé comme Treena ne lui en a jamais vu. Elle ne peut s'empêcher de sourire à son tour. Sa mère mérite tout le bonheur du monde. Après la mort brutale de son père, elle n'a jamais réussi sa vie mais elles ont passé une après-midi entière entre mère et fille à rattraper le temps perdu et Treena est contente de savoir que sa mère passe ses journées occuper entre ses amies, des activités sportives et son travail. "So. You're excited to go back to Oxford ?" Treena tourne son regard vers sa mère et hoche la tête. "Yeah. It's not only my friends. I saw them all summer but the assignments. I love doing them. It's challenging and interesting. And litt class is the best. I will still have the same teacher and he knows so many great books. I can't wait." Sa mère sourit. "And no boys to talk about ?" Treena grimace intérieurement. "No... Last time was enough." Sa mère lâche le volant d'un main pour prendre la sienne entre ses doigts. "Don't close your heart to love because someone hurt you. Promise ?" Treena va pour répondre mais soudain, une voiture arrive droit sur eux. "MUM ! WATCH OUT" Cara braque. Tout devient noir. quinze juin deux mille douze : Treena inspire brièvement, les mains moites. Elle serre le papier où elle a écrit son discours entre ses doigts avant de réajuster sa tenue de cérémonie. Sur l'estrade, le doyen finit son propre speech avant de se tourner vers elle, de lui sourire et d'annoncer d'une voix enthousiasme son nom. Treena se retrouve à sourire devant toute une assemblée, les diplômés tous alignés derrière elle. Elle déplie le papier, le lisse contre le pupitre en poids et commence à lire, la voix anxieuse. "One year from now, I was in a car accident with my mum. I got luck and was barely injured. But the person who was the most important thing for me, my own world. Well, she disappeared. She is still alive but she doesn't know me. She doesn't know she's still breathing. She doesn't remember that once, she was an incredible woman who found love. So, I could tell you that life is short and we have to make the most of it. I could tell you that today is the first day of our adult live. I could tell you that I'm sad. But I'm not. What I'm telling you is to never give up. Even when you have the feeling the whole word is eating you up. Don't give up. My mum would be proud to see me standing right there. And I hope that someday, there will be a incredible discovery in medecine and that my mom will wake up. I hope that I'll be as happy as she once was. I hope that all of the people here will have incredible life. I just hope that the joy you're feeling right now will never disappear. I know that is what my mum wishes for me. And that's what I wish for everyone in the entire world." La foule applaudit. vingt-et-un octobre deux mille quatorze : Treena referme la porte de la maison de repos derrière elle et pose son parapluie avant de retirer veste et écharpe. Ses cheveux châtains se sont emmêlé dans l'élastique de sa queue de cheval et elle grimace en en essayant de les recoiffer rapidement. L'infirmière de sa mère - une femme bientôt à la retraite, à la peau chocolat et au regard lumineux - s'approche d'elle avec un sourire maternel. "Hi Nicole. How is she doing ?" "Hi sweetie. She's doing okay. Nothing's changed. Treena sourit avant de s'excuser et de monter les escaliers pour rejoindre la chambre de sa mère. Elle connait presque tous les pensionnaires d'ici et leurs proches. Elle sait que beaucoup se découragent d'entendre que tout est toujours comme d'habitude. Leurs visites auprès de leurs proches s'estompent mais Treena a beau grandir et vivre sa vie, elle s'accroche à cet espoir. A ce peut-être. Depuis quatre ans, elle a vu des cas se dégrader, des gens mourir. La stabilité de l'état de sa mère est une promesse, une sécurité qu'elle n'échangerait pour peu de choses. Elle pousse la porte de la chambre tranquillement, pour ne pas effrayée la patiente même si sa mère ne bouge jamais, catatonique. Elle porte sa robe de chambre violette et son regard est fixé sur la fenêtre. Treena sourit tristement - le spectacle est toujours dur au début. Elle attrape un mouchoir et essuie la salive qui coule sur le menton de sa mère avant de s'asseoir. "Hi Mum !" Et démarre le même rituel. Treena attrape sa main et commence à lui raconter sa journée sur un rythme endiablé, mettant les intonations, espérant que quelque chose la fasse réagir. Rien n'arrive et le débit de Treena s'estompe. "Oh ! I almost forgot to tell you. I got a new kid in my class. The parents have just moved in. They seem to be pretty healthy. Lot of money. I was that the kid would have a temper but he's so quiet. He's the sadest and cutest thing I've ever seen. Her mom's the bitch though. Still didn't meet the father. Wonder what he looks like. The boy doesn't look like his mom so maybe he owes this cutie face to his dad." Déclare-t-elle, concentrée sur sa mère pour voir si elle trouve une trace d'amusement dans son regard. Rien. Premier juillet deux mille quinze : Les pieds du garçon touche à peine le sol, remarque Treena avec amusement et adoration alors qu'elle finit de ranger les derniers affaires. Les cours sont terminés depuis plusieurs dizaines de minutes déjà mais elle est habituée à ce que les parents du garçon soient en retard. C'est un drôle de couple, pense-t-elle à chaque fois. Elle n'a pas revu la mère du petit depuis qu'elle l'a déposé ce fameux vingt-et-un octobre l'année dernière. Depuis, son père (encore plus beau qu'elle aurait pu imaginer) vient le chercher, plus souvent en retard que jamais. Il n'y a pas de quoi être surpris de voir le petit calme et souvent réservé. Treena est sans doute une des rares personnes avec qui il s'ouvre. Il lui a dit un jour. "You're the best people in the all wolrd." Tellement adorable que Treena n'a même pas relevé les fautes de grammaire. C'est dur d'en vouloir à son père ici quand elle nourrit un béguin monstre pour lui. "DADDYYY !" Treena sursaute alors que l'objet de ses pensées se penche pour attraper son fils qui se jette dans ses bras. L'homme a le sourire le plus magnifique qui soit. Ses ovaires, pense-t-elle, alors qu'elle le dévore du regard. L'homme se racle la gorge et Treena réalise qu'elle le fixe sans vergogne. "Hum... Hi !" Déclare-t-elle, l'envie de se gifler. "Hi." Rétorque-t-il avec le sourire. Son fils les regarde, curieux. "Thank you again for keeping an eye on him. I knew it was a lot to ask but I couldn't come earlier and..." "It's okay. I don't mind." I'm not supposed to but your kid is my secret favorite." Dit-elle. Fils et père lui sourient et Treena sent son coeur s'emballer. "I hope is next teacher will be as understandable as you." "Actually, my fellow is pregnant and I would have her class next year so..." Elle ne finit par sa phrase. Soudain, leurs regards s'accrochent, avec une telle intensité et que le monde disparait. Pendant un instant, elle croit voir les mêmes sentiments briller dans ses yeux. Et ensuite... "Daddy, can I have icecream ?"