look who's here (feat Ellis)

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oswald ∞ ellis

« Et si on allait se boire un verre tous ensemble ce soir ? » Les huit étudiants étaient dehors, clope au bec, et attendaient les retardataires. Postés près des marches du bâtiment, ils avaient l’intention de passer une soirée à bavarder dans un bar, autour de quelques bières. Aucun ne paraissait contre et tous hochèrent la tête en souriant. La convivialité de la troupe était sans égale, si on ne comptait pas les quelques épines. A commencer par la plus grosse. Ellis. La prétention, le mépris et la méchanceté rebutaient tout le monde, si bien que rares étaient les élèves qui osaient lui adresser la parole. Oh il y avait bien quelques téméraires qui allaient au-delà du fort caractère de l’américain, mais sans plus. Ils ne se côtoyaient pas en dehors des cours, et c’était bien mieux comme ça. Mais malheureusement, il sortit du bâtiment au mauvais moment, celui qui allait mettre tout le monde dans l’embarras. Lorsqu’il poussa la porte, son sac sur l’épaule, l’un des danseurs lui adressa un large sourire. « Eh Ellis, ça te dit de venir avec nous ? » L’intéressé descendit les quelques marches et haussa les épaules en prenant un air faussement désolé. « Non merci, j’ai des choses à faire. » L’une des filles du groupe, celle qui ne pouvait pas voir Ellis en peinture qui plus est, se pencha vers ses amis et cracha. « Trop de queues à sucer. » Le danseur s’arrêta dans sa marche. Dos aux autres, un sourire malsain apparut au coin de ses lèvres. Il se retourna lentement, et fourra sa main libre dans la poche de son manteau, l’autre sur la sangle de son sac. Elle cherchait la guerre, alors elle l’aurait. « Au moins, je sais comment sucer une queue. » Certains ricanèrent, plus pour se moquer d’Ellis qu’autre chose, et la fille lui adressa un regard mauvais doublé d’un sourire adéquat. L’américain surenchérit. « En tout cas, c’est ce que m’a dit ton copain. » Le silence. Elle rougissait à vue d’œil, les dents serrées derrière ses lèvres closes. Ses doigts se crispaient, oh elle mourrait d’envie de le frapper. Les autres ne savaient quoi dire ni quoi faire. Le sourire d’Ellis s’élargit. « Passez une bonne soirée. » Et sur ces mots, il tourna les talons et s’éloigna.

Le programme de sa soirée n’avait en fait rien d’extraordinaire. Pour une fois, il voulait juste rentrer chez lui, prendre un bain bain et s’affaler dans son canapé pour continuer une série qu’il avait commencé la semaine dernière. Absolument rien de palpitant, et ça lui faisait du bien de temps en temps. Mais son trajet le fit passer devant un endroit qui allait totalement changer ses plans. Ce bar. Oswald. Ellis s’arrêta dans sa marche et observa la devanture, les lèvres pincées. Voilà plusieurs jours qu’il n’avait donné aucune nouvelle à son ami, par fierté, par crainte aussi probablement. Mais c’était ridicule, et Oswald ne devait pas en penser moins. Oh et puis merde, ça ne lui coûtait rien. Il se posta devant la porte et frappa. A cette heure-ci, il n’était pas prêt de pouvoir entrer comme il le souhaitait, alors essayer de cette manière. Celui qui ouvrit lui était totalement inconnu, et l’accueillit avec un. « On est fermé. » Le danseur arqua un sourcil, l’air dédaigneux. « Tant mieux pour vous. Oswald est là ? » L’expression faciale changea du tout au tout. Interloqué, puis amusé comme en témoignait son sourire, il se poussa pour laisser entrer le jeune étudiant. Ce dernier fit quelques pas dans le bar et se mit à observer autour de lui. L’autre s’éclipsa, probablement pour prévenir le barman. Ellis était nerveux, comme en témoignait la façon dont il crispait ses doigts sur la sangle de son sac. Qu’est-ce qu’il allait lui dire ? Comment ? Et surtout, pourquoi ?

« Eh bien eh bien, si je m’attendais à te voir. » Ellis fit volte-face en une fraction de seconde et son regard croisa celui d’Oswald. Ce type avait une patience et un sang-froid du tonnerre, ou alors il cachait très bien son jeu. Il souriait. Le danseur détourna les yeux en se raclant la gorge, ne sachant quoi dire, et se sentit totalement ridicule. Vraiment stupide. Il n’était pas Jay. « Tu veux boire quelque chose avant le service, cadeau de la maison. » Le plus jeune s’avança vers le bar en se mordillant la lèvre inférieure. Oh après tout, un peu d’alcool lui permettrait probablement de se donner un peu de courage et de se détendre. « N’importe quoi pourvu qu’il y ai de la vodka. S’il te plaît. » Il balança son sac de sport sur l’un des tabourets et croisa les bras sur le comptoir, légèrement penché en avant. Il observa Oswald en silence, se remettant à mordiller sa lèvre. Il fallait qu’il engage une discussion, quitte à ce que ce soit le plus banal possible, ça détendrait l’atmosphère. « Alors… comment tu vas ? »

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C’était probablement une mauvaise idée de venir ici. Ellis était froid, mystérieux, comme une boîte solidement fermée par un cadenas. Il n’aimait pas les confessions, les discussions trop longues et les échanges de sincérité. Il ne savait plus parler avec son cœur et préférait de loin jouer la carte du mépris plutôt que de se rabaisser à s’ouvrir aux autres. C’est ainsi qu’en deux, il s’était forgé une réputation qui ne le mettait pas du tout à son avantage. Enfin, tout dépendait des points de vue. Il était mauvais, cruel, une petite garce qui ne pensait qu’à son propre bien-être. Il se délectait des regards méprisants, des insultes et de la jalousie. Le danseur se nourrissait de toute cette haine, et rares étaient les personnes qui appréciaient sa compagnie. Ils étaient probablement les seuls avec qu’il se comportait comme le garçon d’avant, ce petit américain appréciable et souriant. Mais c’était terminé, révolu. Il se confortait dans sa solitude et dans cette image. Beaucoup pensaient qu’il souffrait d’un manque de confiance alors que c’était totalement faux. Il craignait la sincérité des autres, et comme on dit, on n’est jamais mieux servit que par soi-même.

Soit Ellis était masochiste, soit il faisait preuve de bon sens, pour une fois. Il ne voulait pas quitter Oswald sur une note comme celle-ci, probablement essayer de chasser cette comparaison constante avec Jay, son ex. C’est fou comme ils se ressemblaient, autant par leur bonne humeur que par leur capacité à discuter et à faire face à beaucoup de situations sans craquer. C’était dérangeant, troublant, et le danseur avait de plus en plus de mal à supporter cette similitude. Il voulait insulter son ami, l’enfoncer plus bas que terre et se défouler sur lui comme s’il le faisait sur son amour d’antan. Mais ce pauvre brun n’y était pour rien, il était innocent. Alors il fallait ravaler sa rancœur et accepter. Oublier peut-être. En entrant dans le bar, Ellis avait sentit la pression monter crescendo, et l’arrivée d’Oswald le surprit. De l’alcool l’aiderait probablement à se détendre un peu. Evidemment, l’américain était un fêtard, il pouvait s’enfiler des verres jusqu’à plus soif mais devenait rapidement incontrôlable. Une vraie pile électrique, avec une franchise agressive et oppressante. Il savait rendre les gens mal à l’aise, mais lorsqu’il était ivre, c’était pire. « On ne serait pas un bar digne de ce nom sans vodka. » Ellis attrapa le bar verre qui glissa vers lui sur le comptoir et ne se ménagea pour boire le contenu d’une traite. C’était brûlant, brutal, mais il adorait cette sensation. Il reposa le contenant sur le comptoir, et souffla un grand coup. Une bonne chose de faite, il verrait ensuite s’il devait en avaler plus.

Vinrent les questions de courtoisie, histoire d’engager la conversation sans envenimer les choses dès le départ. « Ça va, j’ai pas à me plaindre… Et toi ? Comment se passent les études ? » Ellis observa son verre vide en se mordillant la lèvre inférieure. Ce tic, il était signe de stress, de gêne, et il ne pourrait jamais s’en défaire. Tout se lisait sur ses traits dans un moment pareil, et ça ne lui arrivait pas tous les jours. Il esquissa un sourire crispé, plus semblable à une grimace et leva les yeux vers Oswald. « Eh bien… le directeur du London Studio Centre fait le tour du pays pour trouver des étudiants… il passe à mon école la semaine prochaine… Je suis… mort de trouille. » Il attrapa rapidement la bouteille et se resservit un verre. Rien que de parler de ça, il angoissait. « C’est toute ma vie, si je ne suis pas admis là-bas… merde, je ne sais pas ce que je ferais. » Il but une longue gorgée et se pinça les lèvres. Il valait mieux parler d’autre chose, d’ailleurs, il aurait dû être en train de s’entraîner plutôt que de traîner pendant son temps libre. Idiot.

« Ellis, c’est pas que ta venue me dérange, au contraire, je suis content de voir que ça va mais… autant se dire les choses et ne pas tourner autour du pot, ok ? » Le danseur sentit ses joues rougir et baissa la tête. Voilà, il venait d’aborder le sujet, celui qui fâche. Ellis aurait probablement besoin de plus de verres pour continuer sur cette voie. « Je t’apprécie bien, t’es probablement le seul pote que j’ai avec qui je n’ai pas couché. » Alors que l’étudiant portait le verre à ses lèvres, il se mit à ricaner. De la buée se forma brièvement sur la surface du contenant, et il haussa brièvement les sourcils. « Ou pas encore. » Un clin d’œil, et il termina son verre d’une traite. Voilà, il faisait encore la traînée, le faible. Devant ce clone parfait de Jay, celui qui l’avait enfoncé plus bas que terre. Il reposa son verre sur le comptoir et passa une main dans ses cheveux en bataille. « J’ai eu quelques soucis ces derniers temps, rien de bien méchant, mais j’étais pas mal occupé. Puis avec le boulot, les cours… je n’avais plus un seul moment pour moi. » Menteur. Rien ne l’avait empêché de continuer à courir les rues de la ville pour se trouver un nouvel amant, sa distraction principale, son passe-temps favoris. Il désigna la bouteille d’alcool d’un signe de la tête. « Je payerai la bouteille hein, parce que je crois que je suis bien parti pour la finir. »

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« Ellis, plus tu te mettras la pression, moins tu vas y arriver. Tu sais de quoi tu es capable, tu es meilleur que tous ces petits cons qui te prennent de haut. » Il sourit tendrement, touché par ce que son ami venait de dire. Ellis n’avait jamais douté de son talent, il était clairement meilleur que la plupart de ses camarades, et il s’en vantait parfois un peu trop. Quant à qui regardait l’autre de haut, c’était une autre histoire. L’étudiant les voyait tous comme des misérables, leur cracherait au visage s’il pouvait. Il ne se faisait pas prier pour leur faire comprendre, et évidemment, ça créait des conflits. Mais Ellis n’avait pas besoin de se faire d’amis, il n’avait pas choisit ce cursus pour taper la discussion avec les autres, mais pour devenir le meilleur, prouver qu’il était capable de tout et réaliser son rêve. Il voulait partir à Londres pour poursuivre ses études, être accepté dans une académie, jouer dans des comédies musicales, passer sur scène, épater une salle pleine à craquer. A défaut de ne pas avoir Broadway, la capitale britannique était suffisante, même réputée pour cet art. Ellis s’imaginait déjà en haut de l’affiche, mais il avait d’autres points à travailler sérieusement. Le théâtre, le chant aussi. Il n’était pas mauvais, mais pas aussi bon qu’en danse. Ce n’était pas suffisant, il devait montrer sa polyvalence, charmer les gens hauts placés et obtenir son trophée au mérite. Il suait sang et eau pour y parvenir, et rien ne l’empêcherait d’aller jusqu’au bout. Du moins c’est ce qu’il espérait. Ce qu’avait dit Oswald l’avait beaucoup touché, pour la simple et bonne raison qu’il avait déjà entendu ce discours de la bouche de son ex. Probablement la seule pensée honnête qu’il avait eu en son égard. Encore une fois, tout rapportait à ce fantôme du passé.

Vint ensuite son jeu de séduction, celui qui revenait au galop en toutes circonstances. Il avait gratifié ses mots d’un clin d’œil, sachant que ça renforçait les sous-entendus. « Vu comment tu m’évites c’est pas prêt d’arriver. » Encore une fois, il se sentit mal à l’aise, mais ne fit aucun commentaire. C’est sûr que lui et Oswald n’auraient jamais pu envisager de se rapprocher avec la distance qu’Ellis mettait entre eux. Il s’était resservit un deuxième verre, prêt à finir la bouteille s’il le fallait, mais préféra rassurer son ami en prétextant payer ses consommations. « Je t’ai dis que la maison offrait les consommations, qu’est-ce que tu veux, j’ai un petit faible pour toi. » Son clin d’œil, son sourire. Un frisson se logea sur la nuque du danseur. Il trinqua avec son ami en se pinçant la lèvre inférieure. « Je peux toujours te payer en nature. » répondit-il sur un ton innocent, comme si de rien n’était, avant de reprendre une gorgée. L’alcool avait toujours été d’une grande aide, et ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait s’en priver. « Tu sais Ellis, je ne suis pas un idiot, je sais quand on me ment, ou qu’on déguise la vérité. Et tu sais aussi que tu peux me dire les choses, j’suis un grand garçon, je pourrais comprendre. » L’étudiant baissa les yeux sur son verre. Ce sujet était tellement désagréable, il détestait cette discussion. Les vapeurs d’alcool remontaient, avec la vitesse à laquelle il ingurgitait ses verres, tout n’était plus qu’une question de minutes. Et encore… « Alors, tu vas me dire ce qu’il se passe maintenant ? De préférence, avant qu’on finisse la bouteille, une seconde je suis pas sûr que ça passe. » Ellis sourit aussi et prit une gorgée de son verre. Il serait difficile de mettre la vérité sur le tapis sans que le terrain ne soit préparé. Il ne savait pas comment lui dire les choses, mais allez, la vodka lui donna une bonne claque dont il avait besoin.

Il soupira bruyamment et se pencha un peu plus sur le comptoir. « Ok, t’as gagné, j’ai menti. Mais sache que normalement, je suis meilleur menteur que ça ! » dit-il en pointant le brun du doigt. Il s’humecta brièvement les lèvres et fit tourner l’alcool dans son verre, les yeux rivés sur le tourbillon. « Ne me demande pas pourquoi, mais tu me fais beaucoup penser à quelqu’un. Quelqu’un… que j’ai aimé. Du genre, j’aurais donné ma vie pour ce type. Tu es gentil, attentionné, tu sais écouter les autres… bref, t’es comme lui. » Il prit une longue gorgée de son verre et leva les yeux vers Oswald. « Donc, ça me fait bizarre, ça me dérange même, parce que ce salopard m’a fait du mal. Et si je le revoyais aujourd’hui, je lui trancherais la gorge. » Il termina son verre d’une traite et le posa lourdement sur le comptoir avant de s’essuyer la bouche du revers de la main. « J’en ai marre parce que quand je te vois, j’ai une envie dingue de te sauter dessus. T’arracher tes fringues et… » Il s’arrêta et observa son interlocuteur un moment, avant de plisser les yeux. Les vertiges, l’alcool. « … surtout quand tu souris comme ça. T’imagines pas comme c’est… » Il ne put terminer sa phrase, et se contenta de se mordiller la lèvre. Au moins il l’avait dit, bien que ce soit évasif, c’était suffisant comme explication pour le moment.

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Voilà, c’était dit, il avait réussit à se confier et ça avait relevé du miracle. Ou alors, il n’avait inconsciemment plus supporté de l’éviter comme ça, parce qu’Oswald n’était qu’une victime dans toute cette histoire. Il ne pouvait pas savoir ce qui se tramait dans l’esprit d’Ellis, et il n’avait pas s’amuser à changer de comportement sous prétexte que le danseur voyait trop de similitudes avec son ex. A chaque fois, il essayait de songer à tous les défauts de Jay, tout ce qui avait nourrit sa haine envers cette personne. Par moment, il rêvait de le croiser et de le démolir, histoire de lui faire comprendre et ressentir ce que lui-même avait subit deux ans auparavant. Il méritait d’être rabaissé plus bas que terre, qu’il se rende compte de l’être qu’il avait créé, celui qui n’avait plus aucun respect pour lui-même ou envers les autres. Mais Oswald était innocent, le mec qui se retrouvait au mauvais endroit, au mauvais moment, avec la mauvaise personne. La ressemblance était un hasard, et tous les deux auraient sûrement préféré qu’elle ne se fasse jamais. « C’est bien la première fois qu’on me décrit comme ça… » Ellis détourna le regard, incapable de soutenir les yeux de son interlocuteur et termina son verre d’une traite avec la ferme intention de continuer sur sa lancée. Il ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin, et ça lui permettrait de se détendre, de ne plus sentir aussi mal à l’aise. « C’est pas cool ce que ce type t’a fait, tu le méritais probablement pas. Mais je ne suis pas lui, si j’avais eu quelqu’un comme toi… » Le danseur lui fit un signe de la main, lui sommant de s’arrêter, le regard grave. « Je ne veux pas savoir, ne dis plus rien. » Mieux valait ne pas entendre ce genre de choses, sachant qu’il était déjà extrêmement sensible aux similitudes entre son ami et son ex, alors entendre des propos pareils ne ferait que remuer le couteau dans la plaie et l’inciter à tomber dans ses filets. Il attrapa la bouteille et se resservit une bonne quantité de vodka. Encore deux verres environ, et il en aurait terminé avec cette bouteille.

Oswald se pencha légèrement vers lui. Ellis l’observa avec attention, son verre dans la main et se pinça les lèvres. « Je vois que deux solutions à ça, soit on arrête de se voir, soit tu passes au-delà de ça. Je t’aime bien Ellis, je te l’ai jamais caché, et ça m’embêterait qu’on arrête de se voir juste pour ça. Je comprends que ce soit dur pour toi, après tout il t’a fallu plusieurs verres de vodka pour m’avouer la chose. Mais j’espère que cela nous permettra d’aller de l’avant. » Le danseur hocha doucement la tête et but une autre gorgée d’alcool. Si seulement c’était aussi simple, il lui suffirait d’oublier tout ça, mais ce n’était pas si évident justement. Tout lui rappelait Jay, comme un traumatisme enfoui dont il n’arrivait pas à se défaire. Et encore, Oswald ne lui avait pas fait subir les mêmes souffrances, alors pourquoi le punir pour quelque chose dont il n’était absolument pas responsable ? « T’as raison. » marmonna l’étudiant en regardant son verre de vodka. Il ne devait pas se comporter comme un enfant, il valait beaucoup mieux que ça, et son interlocuteur faisait partie des rares personnes à l’apprécier. On ne pouvait pas dire qu’Ellis était l’ami dont tout le monde pouvait rêver, loin de là. Il était détestable, on le voyait comme la personne à éviter, et on préférait le mépriser plutôt que de l’aimer. Il s’y était fait, et il avait toujours tout fait pour qu’on le haïsse au fond, c’était voulu, calculé.

« Je sais que c’est complètement stupide, je ne sais pas pourquoi je me sens obligé de constamment te comparer à lui. Mais vous êtes si… similaires. » Il soupira et but une autre gorgée. Les vertiges de l’alcool commençaient à faire pleinement leur effet. Ellis sourit maladroitement en regardant son ami, et se pencha lui aussi sur le comptoir, pour diminuer la distance entre eux. « Désolé d’avoir été comme ça, j’aurais jamais dû, ou du moins, j’aurais dû t’expliquer tout ça plus tôt. » Il s’humecta les lèvres et esquissa un autre sourire. « T’es quelqu’un de bien tu sais. »